Mortiers ou bétons? Les Charges

Quentin Burgard

Gros-Chastang, Correze (19)

    Nombre de personnes aujourd'hui confondent les dénominations de mortiers et de bétons, voici un petit article qui devrait, j'espère, éclaircir le sujet.


Qu'il s'agisse de mortier ou de béton, le principe est le même: on mélange un liant qui servira de "colle" à une charge qui assurera la fonction structurelle, la rigidité.

Ce mélange mouillé, formera une fois sec un complexe plus ou moins solide selon la composition et les usages.


    C'est tout d'abord le type d'ouvrage à réaliser et particulièrement son épaisseur qui définira la charge à employer. On considère en effet qu'il faut que le grain le plus gros de nos charges représente moins de la moitié de l'épaisseur à réaliser. De cette manière, lors de la mise en œuvre deux grains peuvent se chevaucher sans "rayer" la surface.


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Ainsi, si l'on souhaite faire du mortier pour maçonner des blocs (parpaings, pierres, etc) avec des joints de 1cm, on prendra un sable dont le grain le plus gros est inférieur à 5mm.

C'est également l'épaisseur, et donc la taille des grains, qui différencie mortiers et bétons.


De manière générale on parlera de bétons quand il y aura présence de graviers, voire de cailloux dans le mélange (épaisseur souvent supérieure à 5cm).


    Les charges constituant le squelette du mortier ou béton doivent être visualisées comme un mur en pierre sèche . Plus il y aura de vide entre les grains, plus la pression s’exercera sur un nombre limité de grains et moins le mélange sera solide. A l'inverse, plus les vides seront remplis, plus la charge sera répartie uniformément sur de nombreux grains, donc plus le mélange sera solide.


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Prenant ce principe en compte, la composition des mortiers et bétons part presque toujours d'une granulométrie extrêmement fine nommé "0" (exemple: 0-6 pour un mélange de 0 à 6mm), pour arrivé au grain le plus gros; avec un mélange proportionné selon les granulométries.


  

Voici un bon test (qui m'a été appris par l'un de mes formateur) si vous souhaitez évaluer la solidité de votre mélange dans le cas d'une préparation de vos charges "maison":

- Prenez deux verre doseurs de 1l, remplissez le 1er avec votre mélange et le second d'eau.

- Versez l'eau dans le premier verre jusqu'à ce qu'elle affleure le sable.

- Attendez une petite demi heure puis faite ré-affleurer l'eau si nécessaire (les fines peuvent boire légèrement).

Plus on doit verser d'eau dans notre mélange et plus il contient de vide (donc moins il sera solide). Le volume d'eau employé pour ce test correspond également au volume de liant qu'il vous faudra employer pour réaliser un mortier équilibré (pour un enduit par exemple), mais n'oubliez pas que c'est la charge qui fait la résistance, donc plus il y a de "colle" pour un volume donné, moins le mélange est résistant.


   Il existe, à propos de résistance, plusieurs sables utilisés pour plusieurs ouvrages.

Les sables calcaires issus du concassage de roches calcaires, ne peuvent être utilisés pour maçonner car leur résistance est trop faible.

On utilisera pour la maçonnerie des sables siliceux, issus de la décomposition de roches telles que le granit. Ces sables très dures et souvent anguleux se trouvent dans de nombreux milieux.


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Le sable de mer, contenant des sels, ayant été roulé longuement par les vagues (perdant ainsi ses angles qui déterminent sa cohésion) est peu voire pas utilisé en construction.

Le sable du désert, poli lui aussi par le vent est aujourd'hui inemployable.

Le sable de carrière, extrait des sols et trié par granulométries, forme un très bon sable à bâtir et est très abondant, il nécessite cependant beaucoup d'énergie à la production.

Enfin, le sable de rivière, très anguleux, est réputé le meilleur sable pour la construction.

Attention toutefois à ne pas l'utiliser pour maçonner des blocs, où le sable de carrière suffira largement, car les réserves de sable de rivière sont aujourd'hui dans un état catastrophique dû en grande partie à leur sur-utilisation dans le bâtiment, pour tout ouvrage. Si vous deviez l'utiliser, réservez le aux enduits où sa résistance et sa tenue sauront être appréciées.


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    Dans certains cas de figures, les fibres parfois utilisées pour armer les mortiers/bétons, sont considérées comme charges.

On ne prendra cette considération qu'a partir d'un très grand dosage de fibre, voir en cas d'absence de charges.

Dans ces cas de figures, ce sont les fibres qui font office de squelette.

On peut rencontrer ce type de mélange dans les constructions traditionnelles avec les torchis et autres terre paille, comme moderne avec notamment les enduits chaux chanvre, etc.



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    Nous pourrons donc appeler mortier un mélange à charges relativement fines pouvant servir à hourder pierres, briques, etc, comme à réaliser un enduit ou une chape; et appeler béton, un mélange à charges relativement grosses, servant généralement à réaliser dalles, fondations, poteaux, linteaux, etc.


On trouvera donc des mortiers et des bétons employant différents liants (béton de terre, mortiers de terre, béton de chaux, etc).

Sont considérés comme liants (dans le bâtiment) les argiles, les plâtres, les chaux et les ciments. Pour en savoir plus sur les liants, je vous invite à lire mon article sur le sujet.

Notons qu'il est possible d’adjuvanter les mélanges afin d'en changer les propriétés.


    Bétons ou mortiers, j'espère qu'à présent vous saurez trancher!


Bon ouvrages à tous.