Ventilation décentralisée et centralisée en Europe
Nous travaillons depuis plusieurs années sur la ventilation décentralisée, par pièce ou répartie. Nous avons souvent des questions sur les types de ventilations : naturelle, simple flux, double flux à caisson métallique ou double flux avec accumulateur céramique.
En France la communication de grandes entreprises de la ventilation centralisée donne l’impression qu’il n’existe plus que ça.

Quels sont les enjeux de la ventilation d'un bâtiment ?
Sans faire une analyse exhaustive des avantages et inconvénients qui serait trop longue, quelques points ressortent néanmoins :
- La qualité de l’air dans la maison. La ventilation centralisée devrait être visité chaque année et les filtres et gaines nettoyés ou changés régulièrement. Trop difficile en centralisée, facile en décentralisée.
- Le risque d’incendie pour la ventilation centralisée. Ce risque provient d’un manque d’entretien ou après un arrêt prolongé comme après des vacances.
- En centralisée la sortie dans les combles de l’air vers l’extérieur, absente car l’électricien professionnel n’a pas l’assurance décennale pour une intervention sur le toit.
- Les réglementations thermiques difficiles à respecter en décentralisée.
La Fédération Française du Bâtiment a rédigé une synthèse en 2013, en Allemagne, Autriche, Royaume Unis, Suède et Espagne.
En France la réglementation thermique RT 2012 pour les bâtiments neufs permet d’améliorer la performance énergétique des bâtiments en renforçant l’isolation et l’étanchéité à l’air.
En cas de ventilation inadaptée ou mal réglée, les polluants ne peuvent plus être évacués par les éventuels défauts d’étanchéité de l’enveloppe, ce qui entraîne un risque de dégradation de la qualité de l’air intérieur. Ces polluants qui s’accumulent dans les bâtiments sont principalement dus à la pollution extérieure, aux actions des occupants (cigarettes, bougies, produits d’entretien…), à des équipements de combustion peu performants, ou encore aux émissions des matériaux et produits de construction, ainsi que du mobilier.
Une étude réalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a évalué à 19 milliards d’euros minimum le coût annuel de la pollution de l’air intérieur en France. Cette première étude exploratoire a porté sur six polluants : benzène, trichloréthylène, monoxyde de carbone, radon, particules et fumées de tabac.
Moisissures et humidité : des problèmes communs en Europe
Comme nous, nos voisins européens, ont mis en œuvre des réglementations thermiques améliorant l’isolation. Mais les moisissures et l’humidité sont fréquentes, surtout dans les logements rénovés, bien isolés mais sans système de ventilation ou équipés de systèmes inadaptés.
En Autriche et en Allemagne, depuis une dizaine d’années, les plaintes émanant de locataires se multiplient. Condensation sur les fenêtres, moisissures, de nombreux cas ont été constatés, notamment dans les logements sociaux bien isolés.
En Suède, le problème a même surgi de façon brutale dès les années 80. En réponse au choc pétrolier de 1973, le pays lance alors une vaste campagne d’isolation des logements pour réduire sa facture énergétique, mais sans prendre en compte la ventilation.
Les conséquences seront lourdes : 1 million de personnes développent des problèmes respiratoires, 25 % de la population souffre d’asthme, 40 % des écoliers sont atteints d’allergies ou d’hypersensibilité…
Les spécialistes désignent une cause principale : la mauvaise qualité de l’air intérieur, due au trop faible renouvellement d’air dans les logements.
En Espagne, la réglementation impose une ventilation hybride ou simple flux dans les logements, adaptée au climat du pays, mais beaucoup d’occupants ont l’habitude d’ouvrir les fenêtres pour aérer.
Au Royaume-Uni, la pollution de l’air intérieur a été identifiée comme un problème de santé publique il y a une quinzaine d’années, et une relation a été établie avec le fait que ce pays compte le plus grand nombre d’asthmatiques en Europe.
La qualité des installations de ventilation doit être améliorée
Partout des mesures plus ou moins contraignantes sont prises pour améliorer l’efficacité de la ventilation : recommandations sur les débits minimums, formation des installateurs débouchant sur une qualification, exigences sur le contrôle et la maintenance des installations.
En Autriche, pas de débits minimums réglementaires dans les logements et tous les systèmes sont autorisés. Une formation de 5 jours est proposée depuis 2009 aux installateurs, débouchant sur une certification ; une soixantaine d’entreprises sont qualifiées à ce jour.
En Espagne, des débits minimaux de ventilation sont imposés en résidentiel. Une maintenance annuelle est préconisée. Les architectes privilégient la ventilation naturelle hybride, moins efficace que la double flux mais plus simple à mettre en œuvre.
Au Royaume-Uni, des débits de renouvellement d’air sont définis dans les constructions neuves et peuvent être appliqués aux rénovations. Mais le lot ventilation n’est pas considéré comme stratégique par les maîtres d’œuvre, qui sont réticents à installer des systèmes performants comme les double flux.
Concernant la pose, le code de la construction recommande de « faire appel à une personne compétente », et une formation dédiée aux installateurs de systèmes de ventilation « réglementés » a été déployée depuis 2011.
En Suède, des mesures drastiques ont été prises pour éradiquer les problèmes de santé publique apparus dans les années 80. Un débit de renouvellement d’air minimum de 0,35 litre/s/m2 de plancher est imposé dans le neuf et recommandé en rénovation. Les systèmes double flux sont un standard dans le tertiaire depuis des années. Dans le résidentiel, une formation des installateurs, y compris du personnel de chantier, a été mise en place dès 2003 dans le cadre d’un programme global qui implique l’ensemble des acteurs de la filière.
Ce pays est par ailleurs le seul à imposer un contrôle et un entretien général des installations : tous les 6 ans pour la VMC simple flux, et 3 ans pour la VMC double flux.Dans le collectif, une maintenance est systématiquement réalisée dans le cadre de l’entretien du bâtiment. Ces mesures font de la Suède le pays le plus en pointe en matière de ventilation et de qualité de l’air intérieur. Dans les autres pays étudiés, il n’y a aucune obligation d’entretien et de maintenance des équipements de ventilation.
La ventilation décentralisée par pays
En Allemagne, les unités décentralisées avec récupération de chaleur se développent. Par exemple, installées dans les chambres à coucher il y a eu en 2013 : 50 000 à 80 000 unités vendues.
Au Royaume-Uni, le Green Deal – plan de financement des travaux de rénovation énergétique par un fournisseur d’énergie, que le particulier rembourse via sa facture énergétique – ne prend pas en compte la ventilation, mais on voit apparaître un ensemble de solutions bon marché et sans conduits, donc simples d’utilisation : ventilation mécanique continue décentralisée (extracteur continu) ; unité décentralisée avec récupération de chaleur, à installer sur un mur extérieur (10 500 unités vendues en 2013) ; ventilation par insufflation (28 500 unités vendues en 2013). Le marché britannique est caractérisé également par l’essor d’offres groupées englobant rénovation thermique et ventilation.
Ventilation double flux : à installer en réfléchissant
Certains pays ont pris des mesures obligatoires pour améliorer la ventilation des bâtiments, en faisant par exemple de la VMC double flux un élément indispensable en pratique pour atteindre les performances thermiques réglementaires dans les bâtiments neufs ou en rénovation.
En Allemagne, la performance énergétique des bâtiments bénéficiant d’aides de la banque publique KfW doit être supérieure de 40 % par rapport à la réglementation thermique en vigueur – une exigence qui implique aussi la mise en œuvre d’une VMC double flux. Il existe cependant des freins à la généralisation des systèmes de VMC double flux, aussi bien de la part des bailleurs et des maîtres d’œuvre que des utilisateurs finaux.
Au Royaume-Uni, le programme gouvernemental de rénovation énergétique des logements sociaux accorde des subventions aux bailleurs à la condition de mettre en place des VMC double flux dans leurs logements.
En Autriche, le gouvernement a décidé de ne pas généraliser le label Passivhaus dans les logements neufs. Celui-ci est considéré par les bailleurs sociaux comme trop exigeant pour des occupants qui ne sauront pas utiliser correctement le logement, et comme imposant une ventilation qui n’est pas au service de la santé mais des économies d’énergie, jugée de surcroît responsable de courants d’air sec et de bruit, sans oublier les coûts de maintenance.
Au Royaume-Uni, des systèmes de ventilation mécanique mal installés ont généré des difficultés d’utilisation et d’entretien, s’ajoutant aux réticences relatives au coût de tels systèmes.
Dans l’ensemble des pays étudiés, on constate que la majorité des architectes s’intéressent peu à la problématique de la ventilation, et voient la VMC double flux comme une source potentielle de problèmes, ces systèmes étant coûteux, parfois bruyants et complexes à intégrer dans le bâti (passage des câbles, faux-plafonds). Malgré les campagnes de communication, le niveau d’information des utilisateurs finaux reste faible, car la pollution de l’air intérieur est un phénomène qui « ne se voit pas » et le grand public ne fait généralement pas le lien entre l’apparition de moisissures et la mauvaise qualité de l’air intérieur.