Créations d’ouvertures dans les murs en pisé : quels sont les risques ?

MARC D.

Châteauvilain, Isère (38)

Transformer une vieille grange en habitation nécessite de créer de nouvelles ouvertures, portes ou fenêtres.

Pas de problème pour les ouvertures créées en étage, mais pour celles du rez de chaussée certaines précautions sont à prendre.

Pourquoi ?


Dans un mur plein, toutes les charges supportées par le mur : celles des planchers, de la toiture, du mobilier, des occupants, mais aussi son propre poids, sont conduites verticalement jusqu’au sol.

Ce poids se trouve uniformément réparti sur toute la surface d’appui du mur sur le sol.

C’est le principe même du système de fondations :

un poids réparti sur une surface en fonction de la résistance du sol à la compression.


Exemple :

Sur une plage de sable, vous planterez très facilement le pied de votre parasol. Pour planter un pieu de bois, vous aurez beaucoup plus de mal. Si vous posez une planche à plat sur le sol, vous pourrez la charger considérablement sans qu’elle s’enfonce dans le sable.

Sur un sol rocheux, vous ne planterez même pas votre parasol !


Que se passe t’il lorsque nous créons une fenêtre dans ce mur ?


Les charges supportées par le linteau sont réparties également dans les jambages de la baie. Il y donc une charge plus concentrée à la base des jambages. Ces charges concentrées se répartissent ensuite dans la masse du mur selon un parcours particulier suivant une succession de courbes.

Ce phénomène est appelé bulbe de pression, car ces courbes ressemblent à la coupe d’un oignon tranché en deux.



Si la masse située sous l’ouverture reste importante, ces efforts concentrés peuvent se diffuser suffisamment dans la matière pour que les charges restent uniformément réparties sur le sol.

Il en va autrement pour une baie réalisée dans le bas du mur.



Les charges concentrées dans les jambages vont être directement appliquées sur la base du mur.

Les bulbes de pression vont se former dans le sol qui n’est peut être pas en mesure de supporter cette charge supplémentaire.

Á contrario, le sol situé sous l’ouverture est libéré du poids qu’il supportait jusqu’alors.


Il peut se produire un affaissement du sol là ou la pression est la plus forte et une dilatation là ou il est décomprimé.

Il s’agit d’un phénomène de tassement différentiel.


A terme, on peut voir apparaître des fissures qui traduisent ce phénomène.




Sur l’exemple ci dessous, la réalisation sans précautions de la porte de garage à reporté les charges de part et d’autre de l’ouverture et généré des désordres dans les murs latéraux.






























Que faut il faire ?



La prudence consiste à creuser plus bas que le sol fini pour permettre la réalisation d’une longrine en béton armé, sur laquelle les jambages prendront appui.

Cet ouvrage aura pour fonction de redistribuer les efforts sur toute la surface d’appui de la fondation.


D’une façon générale, il faut faire attention à ce que les charges restent également réparties sur le sol et à une profondeur où il n’est plus soumis aux effets du gel et dégel.


Malheureusement cela n’est généralement pas le cas dans les constructions anciennes où les fondations sont relativement superficielles.

Il faut donc prendre garde à modifier le moins possible la répartition des charges existante.