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Comment bâtir un mur en pierres ?

MARC D.

Châteauvilain, Isère (38)

Tout d'abord qu'appelle t'on un mur en pierres ?


Il faut bien faire la distinction entre un ouvrage en pierres de taille et un mur en maçonnerie de moellons.



Mur en pierre de taille :

Il s'agit d'ouvrages réalisés à partir de blocs de pierre taillés, de forme parallélépipédique, disposés en rangs réguliers. L'aspect visuel du mur présente une surface continue de pierres, séparées par des joints très minces.



Ce type de construction est généralement réservé à des édifices monumentaux, car il fait appel à des savoirs faire et une technicité supérieure :

  • Les pierres peuvent venir de sites d'exploitation relativement éloignés, puis façonnées en atelier avant d'être acheminées sur le chantier.

  • Elles peuvent être de grande dimension et leur manipulation demande alors des moyens de levage et de manutention adaptés.

  • Les dimensions de chacune des pierres ainsi que sa position dans l'ouvrage sont déterminées d'avance dans un plan de "Calepinage" par un professionnel appelé "appareilleur".



    Ces conditions de réalisation particulières en font un ouvrage coûteux qui était réservé à des édifices de prestige, à l'architecture dite "savante".



    Mur en maçonnerie de moellons :

    C'est à cette catégorie d'ouvrage que nous allons nous intéresser dans cet article.

    On appelle moellons des  pierres telles qu'elles sont extraites de carrière ou trouvées dans la nature. Elle ne sont pas taillées ou très grossièrement taillées. Elle sont de forme et de nature varies selon la région.



    Généralement issues du site de construction ou très proche, les moellons sont de dimensions modestes et manipulables manuellement.



C'est donc une technologie adaptée à des constructions plus ordinaires, dites "vernaculaires", et qui nécessite un personnel moins qualifié.


Traditionnellement, le chantier s'organisait autour d'un maître ouvrier, assisté de nombreux aides-compagnon issus de la main d’œuvre paysanne locale. Les destinataires de la construction mettaient souvent eux même la main à la pâte.


Il s'agit donc bien là d'une technique adaptée à l'auto-construction, ce qui était la norme dans le monde rural jusqu'au début du XX° siècle.


Les murs en maçonnerie de moellons présentent une proportion de joints beaucoup plus importante que dans les ouvrages en pierres de taille.





Construction d'un mur en Moellons


Lorsqu'on parle d'un mur en pierre, il s'agit en réalité de deux murs séparés par un remplissage de petits blocs et de mortier ou de terre.

On parle du noyau du mur (en terme savant "nucléus") et en terme de métier de la "fourrure", du "remplissage" ou du "blocage", selon les régions.


Le maçon doit tout d'abord choisir quelle sera la face de la pierre qui sera visible à la surface du mur : le "parement", et la partie qui sera noyée dans le mur : La "queue ".




Il déterminera ensuite quelle sera la "face de pose", celle qui reposera sur la rangée inférieure, et la "face d'attente", celle qui recevra les pierres du rang supérieur. Il choisira pour cela la position qui offre la meilleure stabilité.


Chaque couche de pierres alignées plus ou moins horizontalement , s'appelle une "assise".


Pour chaque moellon, on s'assurera qu'il soit en légère bascule vers l'intérieur du mur, jamais vers l'extérieur.

Il faudra aussi prendre garde que l'assise d'attente ne constitue pas un plan de glissement pour la pierre qui sera posée dessus.


Ainsi chacun des deux parements s'appuie sur l'autre, par l'intermédiaire du blocage.


Quels sont les désordres les plus fréquents sur les murs en moellons ?


Ils sont multiples, mais le plus gros risque est de voir se séparer les deux parements, ce qui conduit à terme à l'effondrement de l'un d'eux, puis de tout le mur car nous avons vu qu'un parement n'est pas stable sans l'autre.


Pour éviter cela, on dispose ponctuellement des pierres dont la plus grande longueur pénètre dans l'épaisseur du mur. Ces pierres sont appelées des "Boutisses", dites aussi "pierres de longue queue". Réparties régulièrement lors du montage, leur rôle est d'assurer la cohésion entre les parements et le noyau du mur.


Les pierres qui présentent leur plus grande longueur sur le parement du mur s'appellent des "Panneresses".


Certaines pierres peuvent traverser l'épaisseur du mur et présenter une face sur chacun des deux parements, elles sont appelées "pierres parpaignes" ou "parpaings". Si cette disposition est fréquente sur les ouvrages en pierre de taille, elle est beaucoup plus rare sur les murs en moellons.



Il faut veiller à ce que tous les joints verticaux d'une assise soient recouvert par les pierres de l'assise supérieure. On dit que les joints sont "croisés".


Lorsque les joints de plusieurs assises se superposent, cela produit ce que l'on appelle un "coup de sabre". Ce défaut peut créer un canal d'écoulement préférentiel pour les eaux de ruissellement. L'eau creusera les joints jusqu'à pénétrer à l'intérieur du mur en entraînant petit à petit le mortier de remplissage.

A terme cela peut conduire au désordre que nous avons vu précédemment.




Vous voulez tenter l'aventure ?

Faites d'abord un essai sur un petit mur test de 1,00 m x 1,00 m.

L'épaisseur moyenne d'un mur en pierre est de 45 à 55 cm. C'est un minimum si vous avez des moellons qui ont une queue de l'ordre de 15 à 20 cm.


Vous verrez que ce n'est pas aussi difficile que ça en a l'air !


N'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de plus de précisions.