Et après ? Humilité.
Comme beaucoup, nous constatons que l’une des solutions les plus efficaces de l’écoconstruction serait le bois-terre-paille. La mise en œuvre des techniques liées à ces trois ressources nécessite des savoirs anciens, qui demandent une certaine humilité face à la construction. Construire de ses mains invite à construire des bâtiments de taille raisonnable, exigeant une attitude modeste face aux quantités et aux disponibilités des matières.
L’humilité a été pour nous un fil conducteur dans nos apprentissages et nos rencontres. Dès lors que nous trouvions de la modestie et de la sagesse dans la transmission, nous trouvions des professionnels et des savoirs durables et fiables.
« Dès lors que nous trouvions de la modestie et de la sagesse dans la transmission, nous trouvions des professionnels et des savoirs durables et fiables. »
L’origine des matériaux doit faire partie intégrante du processus de conception d’un lieu. Un projet nécessitant des ressources provenant du bout du monde ou étant en pénurie proche n’est pas un projet réalisable. C’est avec ces constats que nous arrivons à la conclusion que la construction doit intégrer la connaissance de ses territoires. Contextualiser un projet c’est vérifier sa réalité en savoir-faire, en ressources locales et en faisabilité par rapport au temps.
Le réemploi est une autre composante essentielle dans le monde de la construction. De nombreux projets nous ont démontré qu’il était possible et opportun de faire avec ce qui a déjà été transformé en ouvrages de construction, et réutilisés dans leur usage premier, ou détournés.
L’urgence est à la résilience face aux matières et aux emplois. Penser des bâtiments réversibles, et penser pour consommer le moins possible tout au long de leur cycle de vie sont devenus des objectifs logiques pour nous. Nous sommes d’autant plus convaincus par cela, que c’est ainsi que la construction a été possible durant les siècles précédents. La construction conventionnelle que nous connaissons en trop grande majorité aujourd’hui est trop récente et trop destructrice pour être citée en exemple du monde de demain.
« La construction dont nous rêvons pour demain résulte d’une architecture frugale et humble, faite pour et avec ses habitants…»
L’infinité de connaissances dont regorge l’artisanat nous semble être une solution principale face à tous les enjeux que la construction affronte aujourd’hui ; et ce, expliqué par tous les points que nous avons tenté de développer succinctement dans cet article : réappropriation des outils, revendication du droit d’habiter, autoconstruction engagée, conscience face à la consommation des matières, transmission nécessaire des savoirs, autonomies plurielles.
La construction dont nous rêvons pour demain résulte d’une architecture frugale et humble, faite pour et avec ses habitants, dans la mesure où elle ouvre des portes vers l’autonomie et l’entraide, d’un avenir plus logique et moins arrogant face aux enjeux environnementaux que nous traversons.
Au départ, nous partions un peu à l’aveugle, guidés par les annonces d’auto-constructeurs sur le site Twiza.
Quentin venait d’obtenir son diplôme en OPEC (Ouvrier Professionnel en Eco-construction) mais cette fraîche qualification, bien que passionnante lui avait dépeins un tableau tous azimuts qui le laisser perplexe sur la suite de son avenir professionnel. L’envie d’approfondir certaines problématiques et de savoir quel métier lui siérait réellement restait un immense champ des possibles.
Quand à moi, Pauline, architecte d’intérieur, je continuais mon bout de chemin paisible dans l’aménagement d’espaces tertiaires, depuis 5 ans mais les sujets auxquels Quentin avaient accès me charmaient doucement, de loin. Ces prémices lançaient également l’envie d’avoir un impact, même à petite échelle, en tant que designer, créateur d’espaces dans le monde actuel.
En 2019, entre une rentrée en formation pour l’un et le lancement dans l’entrepreneuriat pour l’autre, nous décidons de nous débarrasser de notre location en ville pour acheter un camion à aménager nous-mêmes. C’est le début d’une vie nomade jusqu’alors inconnue pour les deux citadins que nous étions depuis 10 ans.
Jusqu’au mois de mai 2020, le camion nous fera vadrouiller au sein d’un périmètre déjà plus ou moins connu, de la Haute-Garonne, en Ariège, en passant par le Tarn et l’Aude. Nous combinons formation, projets de clients et travaux sur le camion durant l’année 2019.
Puis, en mai 2020, c’est le grand départ pour le Tour de France et l’apprentissage de techniques éco-construites et éco-conçues.
Nous mettons en pratique désormais les savoir-faire sur lesquels nous nous sommes formés en tant que couvreur-chaumier pour Quentin et en conception d’habitat écologique pour moi.