La Maison en Bauge
Les résultats de l’enquête
Histoire de la Bauge
Technique mondialement employée depuis des millénaires. A chaque région sa spécificité et à chaque époque son outillage. La bauge semble être apparue en France depuis l’époque gauloise. Elle se retrouve notamment dans les régions de basse-normandie et bretagne….
C’est une technique de ferme paysanne qui utilise l’outillage agricole (fourche, bâton…) pour mettre en oeuvre un mélange de terre crue et de fibres végétales. Aujourd’hui des projets contemporains utilisent la technique de la bauge coffrée.
Procédé technique
La bauge est un mélange de terre et de fibre à l’état plastique. On crée des boules que l’on jette à la main les unes sur les autres pour chasser l’air et permettre ainsi la création d’un mur monolithique très compact qui devient un mur porteur. On ne peut monter qu’entre 60 cm et 1m de hauteur par jour, il faut attendre que ce premier lit sèche avant de continuer le second.
La matière première est très économique puisque c’est de la terre crue et de la fibre. Il n’y a pas d’armature ni en bois ni métallique.
Le Projet
En 2013, Anne Lequertier et Simon Martin, ingénieur.e.s en bâtiment (thermique et structure), décident de construire leur maison en terre, paille et bois pour mettre en œuvre les connaissances acquises lors d’une formation sur les éco-constructions. Passer à l’acte d’auto-construire est pour eux l’occasion de créer une entreprise : Les Guêpes Maçonnes.
A la croisée des chemins entre théorie et pratique, ces deux ingénieur.e.s devenus maçons spécialisés dans les techniques en terre crue, nous démontrent preuve à l’appui qu’il est possible aujourd’hui de construire une maison avec des matériaux locaux.
Vue d’ensemble
- Matériaux : Terre et Paille
- Technique : Bauge coffrée
- Livraison : Septembre 2015
- Durée chantier : 24 mois
- Surface habitable : 100 m2
- Coût travaux : 81 500 euros
Caractéristiques de la bauge coffrée
Densité : 1700 kg/m3
- Résistance thermique : assez faible
- Résistance mécanique : très élevée à la compression et très faible à la traction
Coupe transversale nord-sud du projet
Le Chantier
1 – Anne Lequertier et Simon Martin préparent le terrain.
Les fondations sont réalisées avec les pierres du site.
Cette technique de fondations cyclopéenne est longue et ouvrageuse, le recours à des chantiers participatifs est donc recommandé. Toutefois elle a l’avantage d’avoir un très faible impact environnemental et les matériaux ne subissent pas de transformation. (merci les chantiers participatifs !).
2 – Cycle d’acheminement du chantier : on utilise la terre, mélangée avec des fibres, pour construire les six piliers en bauge
Très adaptée à l’auto-construction, la bauge ne nécessite pas d’outillage et pas de machine spécifique.
3 – Un voisin agriculteur fournit la paille pour le remplissage des murs et l’isolation de la maison. Il a une botteleuse adaptée à la construction (37cm x 47cm x 90cm)
Excellent isolant, économique et locale la paille regroupe beaucoup d’atouts pour des maisons écologiques.
4 – Les enduits sont réalisés en auto-construction avec la terre locale pour l’intérieur et un mélange chaux sable pour l’extérieur
Ce choix de matériaux est pertinent car il permet au mur de respirer et de réguler l’humidité par perspirance.
5 – Le sol en cours de construction sera réalisé en terre crue
Anne Lequertier nivelle la première couche posée directement sur le gravier.
Le fait de mettre de la masse à l’intérieur permet d’augmenter l’inertie pour stocker de la chaleur.
Chronologie de la construction
Six piliers en bauge, une charpente, une couverture et un remplissage paille
Hybrider les techniques permet de profiter des intérêts de plusieurs matériaux en fonction de leur spécificité.
Impact écologique de la Bauge
L’énergie grise pour la fabrication de murs en bauge est presque nulle. Elle ne nécessite aucune transformation, aucune cuisson, pas ou peu de transport. Et pas ou peu de machine pour la mise en oeuvre.
Fin de vie : 100 %
Pour une nouvelle construction il est possible de réutiliser la terre crue et éviter ainsi la production de déchet liés à la démolition.
Transport : 5km
Le gisement de terre est situé sur un terrain voisin dans le village suite à un chantier de terrassement.
Mise en oeuvre : 30 kWh
Traditionnellement paysanne, la bauge est une technique constructive facile à mettre en oeuvre et qui accepte une grande variété de terre. Un simple malaxeur suffit pour mélanger la terre et les fibres.
Transformation : 0 °C
La terre crue nécessite aucune transformation pour être bonne à construire.
Commentaires
- C’est une technique qui semble adaptée à des personnes ayant du temps, de l’énergie et beaucoup de main d’oeuvre disponible
- La terre crue ainsi mise en oeuvre n’est pas un bon isolant mais apporte énormément d’inertie
- Elle a aussi l’avantage d’être un très bon régulateur d’humidité et d’assainir les espaces intérieurs
Cette étude a été réalisée par Mathis Rager, Emmanuel Stern et Raphaël Walter du collectif Anatomie d’architecture dans le cadre du projet du Tour de France des maisons écologiques.